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LES ADVERSAIRES DE L’ASTROLOGIE

complexion ou l’inclinacion de la personne, et non pas quant à la fortune. Et pour ce, les règles qui en sont escriptes sont presque toutes faulses ; des expérimens qui sont escrips en pluseurs livres, est-il certain que pluseurs ne sont pas vrais et ne sont que mensonges ou truffes, et appert magnifestement qui les veult esprouver. Et ainsi est-il de pluseurs règles d’Astronomie judicative. Mais il est aucunes gens si simples qu’ilz cuident que tout ce qu’ilz treuvent en escript soit vérité. »

Voilà, certes, une réflexion qui n’a cessé, et ne cessera sans doute jamais d’être vraie.

Le second passage est le suivant[1] :

« D’art magique et de incantacions, ay-je démonstré la fraude, la malice et les racines ou traictié que je fis de la configuracion des qualités et des mouvemens. »

Nous voici avertis que le traité intitulé par un manuscrit[2] : De configurations qualitatum par un autre manuscrit : De uniformitate et difformitate intensionum, cité par Oresme, dans son traité français sur Les politiques d’Aristote, sous le titre : De difformitate qualitatum, est antérieur au petit livre Des divinations.

Cette indication recueillie, venons à ce que notre auteur nous va dire du degré de confiance que mérite chacune des parties de l’Astrologie.

Ce qu’Oresme nomme première partie de l’Astrologie, c’est ce que nous appelons Astronomie. Nous ne nous étonnons donc pas de l’entendre louer en ces termes cette partie de la Science[3] :

La première partie d’Astrologie est spéculative et mathématique, très noble et très excellente science, bailliée ès livres moult soubtilement. Et la peut-on moult souffisamment savoir ; mais ce ne puet précisément et à point, si comme j’ay déclairé en mon traictié de la mesure des mouvemens du ciel, et l’ay prouvé par raison fondée sur démonstracion mathématique. »

L’écrit dont il est ici question, c’est celui qu’en son Traictié du Ciel, Oresme intitulait De commensurabilitate vel incommensurabilitate motuum cælestium, c’est cet opuscule Sur les proportions où cette thèse était défendue : Les observations ne sauraient assurer à l’astronome une connaissance rigoureuse

  1. Nicole Oresme, loc. cit.
  2. Voir : Ve partie, ch. VI, § I ; t. VII, pp. 534-535.
  3. Nicole Oresme Op. laud., ch. II ; ms. cit., fol. 3, ro.