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LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

encore de fervents adeptes de l’art astrologique parmi les maîtres de l’Université de Paris ; ne citons que le plus illustre, et aussi le plus crédule d’entre eux, Pierre d’Ailly, archevêque de Cambrai, Cardinal, celui qu’on appelait l’Aigle de France, Aquila Francise. On doit à Pierre d’Ailly une Concordance de l’Astronomie avec la Théologie et une Concordance de l’Astronomie avec les récits de l’histoire[1]. L’écrit sur la concordance de la Vérité astrologique avec la Théologie contient vingt courts chapitres ou verba[2]. Un extrait du premier verbum nous dira l’esprit de tout l’ouvrage :

« Toute vérité, selon le Philosophe, concorde avec toute autre vérité ; il est donc nécessaire que la science véritable de l’Astronomie concorde avec la sainte Théologie ; en outre, plus que toutes les autres sciences, elle la doit servir comme la servante sa maîtresse…

» On peut donc, d’une manière fort convenable, appeler l’Astronomie une Théologie naturelle ; de même, en effet, que la Théologie supérieure nous amène à la connaissance de Dieu par la foi surnaturelle, de même celle-là, mise au service de celle-ci comme une servante inférieure, nous prend par la main et, à l’aide de la raison naturelle, nous sert d’introductrice en la connaissance divine. »

Il serait difficile de témoigner plus de confiance à ce que Pierre d’Ailly nomme l’Astronomie, c’est-à-dire à l’Astrologie.

La plupart des concordances citées par Pierre d’Ailly sont empruntées à Roger Bacon, car le cardinal de Cambrai, dans les divers ouvrages que nous venons de citer comme dans son De imagine Mundi, plagie sans scrupule l’Opus majus. Nous ne nous arrêterons donc pas à analyser le contenu, fort peu original, des deux Concordantiæ ; nous croyons plus intéressant de citer le jugement sévère, mais mérité, que Jean Pic de la Mirandole a formulé à leur sujet dans sa célèbre Discussion contre les astrologues.

Dans cette discussion, un chapitre[3] est ainsi intitulé : « Que

1. Joannis Pici Mirandulæ Concordiæ Comitis Disputatio contra astrologos Lib. Il, cap. IV : Non esse astrologiam religioni utilem : quod Rogerius Bacon et Petrus Alliacensis existimarunt [Joannis Pici Mirandulæ omnia opéra. — Colophon (avant la Disputatio contra astrologos) : Opuscula hæx Ioannis Pici Mirandulæ Concordiæ Comitis Diligenter impressit Bernardinus Venetus. Adhibita pro viribus solertia et diligentia ne ab archetypo aberraret : Venetiis Anno Salntis Mcccclxxxxviii die ix Octobris. — Second cOlophon (à la fin de la Disputatio) : Dispntationes has Ioannis Pici Mirandulæ concordiæ Comitis, litterarum principis, adversus astrologos : diligenter impressit (sic). Venetiis per Bernardinum Venetum Anno Salutis Mcccclxxxxviii Die vero XIIII Augusti. Fol. sign. b, vo, et fol. sign. bil, ro.

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