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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome X.djvu/113

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LA COSMOLOGIE DU XVe SIÈCLE

Chose curieuse ; ces dernières propositions se sont fait bien plus malaisément recevoir que celles dont elles formaient la très naturelle contre-partie ; bon nombre d’auteurs, tout en admettant formellement les premières, ont rejeté les secondes, sans cp’on puisse deviner les motifs de cette préférence fort peu logique.


C. Astronomie


« Le premier ciel[1], qui est la dixième sphère, se meut d’un seul mouvement, d’Orient en Occident, sur les pôles du Monde ; ce mouvement, qu’il communique à toutes les sphères inférieures, est dit mouvement diurne.

» Le ciel suivant, qui est le second se meut du mouvement d’accès et de recès et, en outre, du mouvement diurne dû à l’entraînement du premier mobile ; il entraîne à son tour, par son mouvement propre, toutes les autres sphères.

» Le troisième est le ciel étoilé ; il se meut, tout d’abord, de son mouvement propre, d’Occident en Orient en passant par le Midi, sur les pôles du Zodiaque ; il se meut aussi du mouvement d’accès et de recès qui affecte toutes les sphères, sauf la sphère supérieure ; enfin, il se meut du mouvement diurne communiqué par le premier mobile. »

Les mouvements que les astronomes attribuaient en propre à la huitième sphère et à la neuvième sphère sont ici intervertis. Georges de Bruxelles et Thomas Bricot les intervertissaient de même. Ce renversement, tous ces auteurs l’avaient fait à l’imitation de Nicolaus de Orbellis, dont ils tenaient toutes leurs connaissances astronomiques.

Sans peine, en effet, on reconnaît encore la marque de fabrique de Nicolaus de Orbellis dans les quelques lignes que Jean le Maire consacre aux excentriques et aux épicycles[2].

Ainsi ces manuels se multipliaient, chacun d’eux copiant ceux qui l’avaient précédé ; lorsqu’une erreur était éclose en quelqu’un d’entre eux, elle contaminait presque tous ceux qui venaient après lui. Les manuels de Physique rédigés à Paris au xve siècle ne sont pas les seuls dont on puisse tenir pareil langage.

  1. Joannes Magistri Cæli et Mundi, lib. II, quæst. II, sciendum est primo… Ed. cit., fol. sign. K. 4, col. a.
  2. Joannis Magistri Cæli et Mundi, lib. II, quæst. III, dubium 2m. Ed. cit., fol. suivant le fol. sign. K. 4, col. e et d.