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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome X.djvu/136

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Chapitre II
L’UNIVERSITÉ DE L’EMPIRE AU XVe SIÈCLE

I
LA FONDATION DES UNIVERSITÉS SLAVES, HONGROISES
ET GERMAINES. — L’INFLUENCE DE PARIS SUR CES UNIVERSITÉS


La guerre séculaire et sans merci entre la France des Valois et l’Angleterre des Plantagenet ; le schisme entre le pape de Rome et le pape d’Avignon ; les déchirements sanglants du royaume entre Armagnacs et Bourguignons ; la peste, enfin, devenue la coutumière hôtesse de la capitale, ont porté de tels coups à l’Université de Paris que ce grand corps a pu paraître à la veille de sa mort. Mais il est des fruits qu’il faut briser, qu’il faut écraser pour voir se répandre et germer les graines dont ils sont gonflés. Pendant longtemps, les peuples de l’Europe centrale, tchèques de Bohême, slaves de Pologne, magyars de Hongrie, germains d’Autriche et d’Allemagne avaient, en foule, conflué vers Paris, demandant à l’Alma mater la science profane et sacrée, et les grades qui en constatent la possession. Voici venu le temps où ils verront croître sur leur propre sol des Universités capables de les instruire et de leur conférer, à leur tour, le droit d’enseigner ; ces Universités, c’est à Paris qu’ils en seront redevables ; presque toujours, les premiers maîtres ; les premiers dignitaires auront été instruits à Paris ; de Paris, elles imiteront l’organisation et copieront les règlements ; et surtout, elles se développeront dans une continuelle admiration, dans une profonde reconnaissance pour Paris dont elles aimeront à se dire les filles.

La première Université qui soit née dans les pays d’Empire est celle de Prague.

Prague s’était éveillée de bonne heure à te vie intellectuelle,