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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome X.djvu/137

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LA COSMOLOGIE DU XVe SIÈCLE

Dès avan t le milieu du xiiie siècle, l’Histoire y montre[1] des écoles qui passent par des alternatives d’éclat et d’obscurité.

Durant l’année 1346-1347[2], Charles IV, qui n’était encore que roi de Bohême et des Romains, et devait bientôt recevoir le titre d’empereur, demanda au Pape d’ériger une Université où, comme on disait alors, un Studium generale dans son Royaume héréditaire de Bohême, et de choisir Prague pour siège de cette école. Clément VI qui, dès le 30 Avril 1344, avait élevé l’évêché de Prague au rang d’archevêché, accéda au désir de Charles IV ; il data du 26 Janvier 1347 la lettre qui donnait naissance à l’Université bohémienne. Un an plus tard, le 7 Avril 1348, Charles IV lui accordait, à son tour, l’investiture assurant dans ses états, aux docteurs qu’elle créerait, les mêmes droits qu’aux docteurs de Paris et de Bologne. Un chroniqueur de l’Université de Prague, Benes de Waitmuel, nous dit[3] quelle avait été l’intention du fondateur ; « ce roi qui avait passé les années de son enfance à l’Université de Paris et y avait fait ses études, voulut qu’en tout et pour tout, l’Université de Prague fut dirigée et conduite selon la mode et la coutume de l’Université de Paris ».

Entre la jeune école bohémienne et la vielle école française, les rapports furent certainement nombreux et cordiaux. Nous avons vu[4], par exemple, Henri Totting de Oyta, qui avait d’abord étudié à Erfurt, recevoir, en 1362, le titre de maître en Théologie que lui confère l’Université de Prague et continuer, pendant plusieurs années, d’enseigner dans cette ville ; puis, en 1377, nous le trouvons à Paris ; les maîtres de la Nation Anglaise le traitent comme un des leurs, l’admettent à leurs fêtes, l’inscrivent sur le rôle annuellement envoyé au pape ; enfin, en 1381, notre maître en Théologie de Prague devient licencié de Paris, qu’il quitte quelque temps après.

Avant Henri de Oyta, d’autres maîtres de Prague avaient assurément accoutumé de passer quelques années à Paris, afin d’y acquérir une science plus parfaite. C’est en 1367, par exemple, que nous voyons[5], à la tête de l’Université de Prague,

  1. P. Heinrich Denifle, O. P., Die Universitäten des Mittelalters bis 1400, Bd. I (seul paru). Die Entstehang der Universitäten der Mittelalters bis 1400. Berlin. 1885. pp. 582-586.
  2. H. Denifle, Op. laud., pp. 586-587.
  3. H. Denifle, Op. laud., p. 588.
  4. Voir : Tome IV, pp. 132-133. — Cf. H. Denifle, Op. laud., pp. 392-393.
  5. H. Denifle, Op. laud., p. 596.