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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome X.djvu/138

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LES UNIVERSITÉS DE L’EMPIRE

un doyen et vice-recteur ; le maître investi de ces fonctions, Henri Embeck de Nanexen, avait étudié à Paris ; en 1356, il y était procureur de la Nation Anglaise, et en 1362, il figurait encore sur le rôle que, chaque année, cette Nation soumettait au pape.

Ces maîtres qui avaient séjourné à Paris revenaient à Prague, munis de notes prises aux leçons qu’ils avaient entendues. Nous avons dit[1] comment plusieurs des cours composés par Jean Buridan nous sont ainsi conservés par des copies écrites à Prague, en 1366 et 1367, par Jean Krichpaum d’Ingolstadt. Une de ces copies[2], celle des Quæstiones in librum de sensu et sensato, nous apprend que, recueillies à Paris par Maître Albert de Richmersdorf, elles avaient été exposées par ce même maître, à Prague, en 1365, dans une pension (in quadam bursa). Ainsi les étudiants bohémiens, curieusement avides des nouveautés qu’on leur apportait de Paris, s’en instruisaient à côté de l’Université, dans des leçons privées données par ceux qui avaient sucé le lait de l’Alma mater.

Cet Albert de Richmersdorf qui, en 1365, distribuait aux étudiants de Prague la doctrine apprise à Paris, allait, dès l’année suivante, devenir le premier recteur de la nouvelle Université de Vienne. Parmi les écoles qui naîtront dans l’Europe centrale, aucune, peut-être, ne recevra, plus vivement que Vienne, le reflet de Paris ; aucune, assurément, ne se parera de ce rayon avec plus de fierté. Mais l’importance de l’Université de Vienne mérite, que nous consacrions à ses débuts, un article spécial ; ce sera le suivant.

Ce sont presque trois sœurs jumelles que l’Université polonaise de Cracovie, l’Université allemande de Vienne et l’Université hongroise de Fünfkirchen ; leurs dates de naissance sont, en effet, 1364, 1365 et 1367 ; la Pologne et la Hongrie avaient, assurément, de plus fréquents rapports avec l’Italie qu’avec la France ; aussi les Universités de Cracovie et de Fünfkirchen semblent-elles[3] avoir imité Bologne et Padoue de plus près que Paris. Et cependant, là aussi nous trouvons occasion de reconnaître la suprématie incontestée de Paris. En 1353[4], la Hongrie était là résidence de deux maîtres en

  1. Voir : Tome IV, pp. 128-130
  2. Bibliothèque royale de Munich, cod. lat. 4.376, fol. 86, col. b.
  3. H. Denifle, Op. laud., pp. 625-629 et pp. 413-418.
  4. H. Denifle, Op. laud., pp. 414-415.