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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome X.djvu/141

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LA COSMOLOGIE DU XVe SIÈCLE

quels étaient, sur les écoles allemandes, le prestige et l’influence de Paris.

L’Université de Vienne a été, pour ainsi dire, fondée deux fois. En 1364[1], le duc Rodolphe IV mandait au pape Urbain V son intention d’instituer à Vienne, avec son approvation, un « studium generale ». Le 12 Mars 1365, la lettre de fondation était signée par les trois ducs Rodolphe, Albert et Léopold ; cette lettre voulait que Vienne eût désormais, « à l’image d’Athènes, de Rome et de Paris », des écoles publiques, une Université où l’on enseignât « la Théologie, les Arts, les Sciences naturelles, morales et libérales, le Droit canon et le Droit civil, la Médecine et les autres facultés licites et permises ».

Le premier recteur de la nouvelle Université fut Albert de Richmersdorf. Plusieurs fois, déjà, nous avons rencontré le nom de ce maître[2], que les historiens ont confondu à tort avec Albert de Helmstædt, dit Albert de Saxe[3] ; nous savons qu’il était à l’Université de Paris en 1362, qu’il fut, en 1363, recteur de cette Université ; nous l’avons trouvé en 1365 à Prague où, dans une pension, il répétait les leçons qu’il avait entendues à Paris de la bouche de Jean Buridan ; Rodolphe pouvait assurément compter sur ce recteur pour façonner à la mode de Paris le Studium generale qu’il venait de créer.

Mais dès 1366, Albert de Richmersdorf était nommé à l’évêché d’Halberstadt ; et, dès lors, la jeune université ne connut plus qu’une vie à demi éteinte ; vingt ans après sa fondation, elle dut être restaurée et, peut-on dire, recréée ; l’âme de cette restauration fut Henri Heynbuch de Hesse, dit aussi Henri de Langenstein.

Nous avons dit, jadis[4], quelle avait été à Paris, la brillante carrière de ce maître. Nous l’avons vu proposer le premier, pour mettre fin au schisme qui désolait l’Église, le remède auquel devaient se rallier plus tard les mieux avisés des théologiens : la réunion d’un concile oecuménique. Nous avons dit comment, en 1382, les déchirements que le schisme causait dans l’Université, avaient conduit Henri Heynbuch à la quitter.

  1. H. Denifle, Op. laud., p. 605.
  2. Voir : Tome IV, p. 129.
  3. Nous avons montré que cette opinion est erronée dans récrit suivant : Études sur Léonard de Vinci, ceux qu’il a lus et ceux qui l’ont lu. Première série. VIII. Albert de Saxe, pp. 327-331. Albert de Saxe, était encore à Paris en 1368 ; il y rédigeait ses Quaestiones in libros de Cælo. (Voir : Tome IV, p. 152.)
  4. Voir : Cinquième partie, ch. VI, § IV, t, VII, pp. 569-573.