Il se rendit à Vienne. Une circonstance avait, sans doute, déterminé ou favorisé cette décision ; Albert, duc d’Autriche, avait fait un voyage à Paris[1] ; il semble avoir ramené avec lui un certain nombre de maîtres, parmi lesquels Gerhard de Kalkar, Henri de Oyta et Henri de Hesse.
Henri de Hesse dut être peiné de trouver à Vienne des études languissantes, au lieu de la brillante université qu’il venait de quitter avant que sa splendeur ne fut tout à fait éteinte. Il s’efforça[2] de ranimer l’éclat de FUniversité autrichienne en pressant le duc Albert de développer le Collège ducal qu’il venait de fonder. L’année même de cette fondation, en 1384, K il écrivait[3] son Informatio domini Alberti ducis Austriæ de complendo et stabiliendo studio Viennensi. « Si Monseigneur le Duc et ses Magnats, écrivait-il, veulent voir l’étude des belles-lettres se maintenir près d’eux, ils doivent veiller à la solide fondation de collèges, où l’étude et le culte divin soient tous deux en vigueur ; ainsi en est-il à Paris ; lorsque quelques collèges auront été, de cette façon, fondés et institués comme il convient, FUniversité fleurira sans cesse ; elle ne pourra plus défaillir ; au contraire, en l’absence de collèges, au contraire, elle se dissoudrait bientôt ; que dis-je ! elle n’aurait aucune importance ; ce qui a donné, en effet, à l’Université de Paris, son indéfectible fermeté et sa grandeur, c’est tout simplement la fondation de si nombreux collèges. »
Au bout de quelques années, Henri de Hesse put voir que, grâce à ses efforts, FUniversité de Vienne croissait et se développait. Prague, Heidelberg et Cologne donnaient, elles aussi, des preuves de leur jeune vigueur. Pendant ce temps, VAlma mater dont toutes ces écoles d’Allemagne étaient filles, accablée par des calamités sans nombre et sans mesure, semblait entrer dans une décadence sans remède. C’en était fait, semble-t-il, de la science parisienne que la science allemande allait remplacer. En 1391, Henri pouvait écrire[4], dans l’Epistola informatoria super scismate qu’il adressait à Robert, électeur de Bavière : « Les universités de France sont dissipées ; le Soleil de la Sagesse s’éclipse en ce pays… La sagesse se retire ; elle passe à un autre peuple… Ne voyons-nous pas déjà que, chez les Germains,