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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome X.djvu/143

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LA COSMOLOGIE DU XVe SIÈCLE

quatre flambeaux de science sont allumés, quatre universités qui projettent les rayons de la vérité ? »

Longtemps encore ces Universités allemandes ne devaient projeter sur le monde aucune étincelle de science qui ne provînt du foyer apporté chez chacune d’elles par les maîtres de Paris. C’était Paris qui continuait d’éclairer les pays d’Empire par rintermédiaire de leurs écoles.

Tant que dura sa vie, Henri de Hesse fut probablement, à Vienne, l’intermédiaire particulièrement autorisé de l’influence parisienne ; l’attitude prise au sujet du schisme par l’Université autrichienne semble en donner’la preuve ; écoutons ce qu’en dit Noël Valois[1] :

« Séduite, sans doute, par l’argumentation de l’Université de Paris, qui avait rédigé, à cette occasion, deux nouvelles circulaires, l’Université de Vienne approuva d’abord la voie de cession sans réserve ; mais bientôt, sur l’invitation des ducs d’Autriche, elle subordonna son acquiescement à celui de Boniface IX. Or celui-ci s’était prononcé formellement contre cette voie dans une lettre à Wenceslas. On remarque une étrange hésitation dans un traité composé, vers ce moment, par un ancien docteur de l’Université de Paris, devenu Foracle de l’Université de Vienne ; dans son Epistola de cathedra Petri, composée à une date qu’il faut placer entre septembre 1395 et septembre 1396, « le fameux Henri de Langenstein rend pleine justice aux efforts des Français ; pour un peu, il proclamerait la supériorité de la voie de cession. Mais la répugnance qu’inspire cette voie, visiblement, aux deux pofltifes, le fait de nouveau pencher vers la voie du concile, dont il avait été l’un des premiers apojogistes ».

L’Epistola de cathedra Petri dut être la dernière œuvre d’Henri de Hesse, car il mourut à Vienne le 11 Février 1397.

L’Université autrichienne l’honora longtemps comme son véritable fondateur. Un ouvrage qu’il avait écrit pour défendre, contre les Dominicains, l’immaculée Conception de la Vierge Marie, est imprimé[2] à Strasbourg en 1516 ; l’auteur y est nommé : Henricus de Hassia, plantator gymnasii Viennensis in Austria.

  1. Noël Valois, La France et le Grand Schisme d’Occident. Tome III, 1901. p. 81.
  2. Henricus de Hassia : plantator gymnasii Viennenss in Austria : contra disceptationes et contrarias predicationes fratrum mendicantium super onceptionem beatissime Marie virginis et contra maculam sancto Bernhardo mendaciter impositam. (Argentinæ, Reinhardus Beck, 1516.)