et quel succès il professait, à Paris, les théories de la nouvelle école ; et les Questions sur les Sentences qu’il a disputées à Heidelberg montrent qu’en changeant de chaire, il n’avait pas changé de doctrine.
C’est donc bien la philosophie parisienne que continuaient fidèlement, dans les Universités allemandes, les maîtres et les recteurs qui leur étaient venus de Paris.
Cette philosophie, cependant, ne put se développer sans se heurter à des tendances contraires. L’école parisienne se réclamait d’Ockam ; mais, tout en gardant la rigueur logique du Venerabilis Inceptor, elle avait grandement innové, surtout en Physique ; sa pénétration dialectique lui faisait regarder comme pures disputes de mots des débats métaphysiques auxquels les anciennes écoles attachaient une grande importance ; sur une foule de questions de Physique, sa justesse d’esprit l’amenait à combattre les thèses du Péripatétisme et à préparer l’avènement de la science moderne ; ces nouveautés ne plaisaient pas à tout le monde ; il y avait alors des maîtres comme chaque époque en a connus, qui se piquaieht d’être les défenseurs de la tradition, en attendant que la postérité les appelât gardiens de la routine ; contre les idées nouvelles, ces maîtres luttaient de toutes leurs forces ; au secours de la réaction qu’ils exerçaient, ils appelaient l’autorité de grands noms, ils invoquaient le souvenir d’hommes que leurs successeurs avaient dépassés, oubliant que ces hommes, eux aussi, avaient été, dans leur temps, de hardis novateurs. Pierre Boland, dans son éloge de Marsile d’Inghen, parlait des tentatives, acharnées mais vaines, que ces docteurs routiniers menaient contre les théories venues de Paris en Allemagne.
Quamvis multi ipsas sæpe extirpare laborent,
Nil tamen aduersa prœualere via.
Les écoles de Heidelberg avaient, en effet, vu se produire dans leur sein une violente protestation du Réalisme contre le Nominalisme de Paris.
En 1406[1], « Maître Jérôme de Prague, qui venait d’être reçu à la Faculté des Arts, voulut faire acte public [d’enseignement] ; alors, il déclara une multitude de conséquences étonnantes de sa thèse, invectivant d’une façon importune et arro-
1. Programma memorabilia nonnulla ordlnis philosophici Iïeidelbergensis exhibons. (Ouvrage anonyme de Cas. Wundt.) Hcidelbergæ, 1779. IV, p. 5. •— Cité d’après : Carl Prantl, Geschichte der Logik im Abendlande, Bd. IV, Leipzig, 1S70. Note 156, p. 39-40.
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