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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome X.djvu/156

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LES UNIVERSITÉS DE L’EMPIRE

« pas seulement d’aplanir, à l’aide des commentaires très célèbres de Saint Thomas d’Aquin, les opinions cachées » d’Aristote, mais encore, « par le moyen d’exemples, d’abréger et de rendre efficace, aux étudiants de la pension de Heerenberg, sise à Cologne, place des Seize-maisons* qui veulent aborder l’éminente philosophie naturelle, la longue route des préceptes. »

Sous la direction de notre Thomiste, les maîtres qui enseignent dans sa pension, les Magistri regentes in bursa Lamberti de Monte, compilent des manuèls de Logique. Copulata sur l’Ars vetus[1], sur la Logique nouvelle[2], « selon la méthode de Saint Thomas d’Aquin » ; Copulata[3] sur les Summulæ de Pierre l’Espagnol, « selon la doctrine irréfragable et très fondée de Saint Thomas d’Aquin », sont, à profusion, reproduits par les imprimeurs. Un maître anonyme de la Bursa Montis publie un Thesaurus sophismatum[4] où il invoque « cette doctrine de Saint Thomas d’Aquin qui, depuis tant d’années déjà, arrose le susdit Mont ».

Évidemment, nous n’avons pas affaire à une école de philosophes, mais à une boutique de marchands ; ils ont pris le nom de Saint Thomas d’Aquin pour enseigne et, sous le couvert de ce nom vénéré, ils trafiquent de la science incomprise qu’ils répètent et des livres médiocres, qu’ils compilent. À leur commerce, ils trouvent moyen d’assurer la protection du pape ; les Copulata in novam logicam Aristotelis s’ornent d’un bref d’Urbain V 5[5] ; « nous voulons, écrit le pontife aux maîtres de la Bursa Montis, nous voulons et, par la teneur des présentes, nous vous enjoignons que vous vous attachiez à la doctrine dudit Saint Thomas, la tenant pour véridique et catholique ; nous voulons que, de toutes vos forces, vous vous étudiiez à la développer ».

Mais, bien incapable de développer les enseignements du saint Docteur, ses disciples routiniers s’attachaient à les dépouiller de tous les germes féconds qui s’y trouvaient contenus.

Urbain V enjoignait aux maîtres de la Bursa Montis de tenir

1. Colonise, H. Quentel, 1488 et 1499. C. Prantl, Op. laud., Bd. TV, note 281, p. 224,

2. 1488, 1493, 1505 et 1511. (C. Prantl, Op. laud., Bd IV, note 282, p. 224.)

3. Huit éditions dont la dernière est de 1507 (C. Prantl, Op. laud., Bd. III, note 143, IV ; p. 35-36 ; Bd.’ IV, note 287, p. 225).

4. Coloniæ, H. Quentel, 1495 et 1501. (C. Prantl, Op. laud., Bd. IV, note 288, p. 225.)

5. C. Prantl, Op. laud., Bd. IV, note 284, p. 224.

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