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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome X.djvu/189

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LA COSMOLOGIE DU XVe SIÈCLE

que le Professeur de Tubingue, pour soutenir son opinion, s’autorise d’une condamnation prononcée, contre l’opinion contraire, par l’Université de Paris.

Cette circonstance n’est pas la seule où Summenhart invoque les décisions doctrinales de l’Université parisienne. A plusieurs reprises, nous le voyons faire état des condamnations portées en 1277 par Étienne Tempier.

« Lors même, écrit-il[1], qu’on supprimerait tout l’agrégat des corps célestes, le mouvement se pourrait encore produire dans les choses d’ici-bas, car ceci est un article de Paris : Dire que, si le Ciel s’arrêtait, le feu ne pourrait brûler l’étoupe, dont on l’approcherait, c’est une erreur. »

Ailleurs, nous lisons[2] : « Un article de Paris dit : Prétendre que Dieu ne pourrait mouvoir le Ciel ou le Monde d’un mouvement de translation, c’est-à-dire vers le haut ou vers le bas, c’est une erreur... Un autre article dé Paris dit encore ; Prétendre que la Cause première ne pourrait faire plusieurs mondes, c’est une erreur. »

Ainsi entendons-nous invoquer, à l’Université de Tubingue, les décisions formulées deux cents ans auparavant par l’Université de Paris ; et celles de ces décisions dont la force, si longtemps maintenue, s’étend à des Universités que leur bon vouloir seul y soumet, ce sont précisément celles qui ont brisé les clés de voûte de la Physique péripatéticienne.

Dans les disputes qui concernent plus proprement l’orthodoxie chrétienne, le prestige de Paris n’était pas moindre.

Summenhart, par exemple, ne veut pas que son Réalisme donne dans les excès hérétiques de Jérôme de Prague et de Jean Hus que le concile de Constance avait condamnés. Or, lorsqu’il veut exposer les erreurs réalistes, d’Amaury de Bènes à Jérôme de Prague et à Je^n Hus, rappeler les condamnations dont elles ont été l’objet, depuis Guillaume d’Auvergne jusqu’au Concile de Constance, il ne trouve rien de mieux que de reproduire tout au long[3] ce qu’en a dit « le chancelier de Paris dans sa lettre De laudibus doctrinæ Bonaventuræ » et ce qu’en a écrit « le même Jean Gerson dans sa quatrième note du Tractatus de simplificatione cordis. »

1. Gonradi Summenhart Op. laud., tract. I, cap. XIII, sccunda difïicultas ; fol. sign. i 3, col. a.

2. Conradi Summenhart Op. laud., tract. II, cap. I, fol. sign. i 4.

3. Gonradi Summenhart Op. laud., tract. ï, cap. V, décima difïicultas, premier fol. après le fol sign. c 4, col. c et d.

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