Aller au contenu

Page:Duhem - Le Système du Monde, tome X.djvu/228

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
225
LES UNIVERSITÉS DE L’EMPIRE

qui se surajoute à la gravité naturelle et qui aide celle-ci à mouvoir la pierre vers le bas. Comme cet impetus est accru vers la fin du mouvement, et cela par l’effet de la vitesse du mouvement précédent, le mouvement est plus vite à la fin qu’au commencement. »

Jean Buridan n’avait été ni plus formel ni plus clair.

Au sujet du repos qui sépare l’un de l’autre deux mouvements de sens contraires, Summenhart écrit[1] : « Si une balle a été lancée contre un mur, elle a nécessairement subi un repos quand elle a rebondi. De même, si une pierre a été lancée vers le haut et si elle retombe par la même ligne, elle est nécessairement demeurée en repos, bien qu’un tel repos soit imperceptible. »

Mais notre auteur ne nous dit pas s’il convient, pour rendre compte de ce repos, de mettre en cause l’impetus.

La Margarita philosophica se borne à déclarer[2], sans aucune explication, que le mouvement naturel est plus lent au commencement et plus vite à la fin, mais Josse d’Eisenach se livre à une discussion plus détaillée[3].

« Le mouvement naturel, dit-il, est plus relâché où plus lent au début ; il est plus intense ou plus vite à la fin. Cette proposition se doit entendre du mouvement local et lorsqu’il se produit en milieu homogène…

» À cette plus grande vitesse, tous n’assignent pas la même cause.

» Il en est qui, pour cause, lui veulent assigner le lieu ; ils assurent que le lieu possède une force attractive grâce à laquelle il tire vers lui le mobile qui tend à lui par son mouvement ; de même, dans la pierre d’aimant, réside une force capable d’attirer le fer ou l’acier.

Après avoir distingué, comme tous les Péripatéticiens, trois sortes de mouvements, le mouvement naturel, le mouvement violent et le mouvement des êtres animés, il ajoute :

« Outre les trois catégories qui viennent d’être définies, on en peut considérer une quatrième, celle du mouvement qu’on nomme præter naturam ou impertinens. Il est produit par un principe extrinsèque ou intrinsèque ; le patient n’y a pas d’inclination, mais il n’y résiste pas non plus tout à fait. On peut

  1. Conradi Summenhart Op. laud., tract. II, cap. VI, tertia difficultas ; fol suivant le fol. sign. K 3, col. d.
  2. Margarita philosophica, lib. VIII : De principiis rerum naturalium, cap. XXV ; éd. cit., fol. précédant le fol. sign y, vo.
  3. Judoci Isennachensis Summa in totam physicen, lib. I, cap. III, fol. sign. g ii, ro.