le centre de gravité se tient en dehors de celui-là ; il se trouve sur le diamètre de la terre, qui est nécessairement plus grand que le rayon de la sphère composée par la terre et par l’eau ; sinon, la terre n’aurait rien de soi au centre du Monde, et l’on ne pourrait guère, en Astronomie, émettre proposition plus absurde.
» La nécessité d’admettre cette diversité des centres vient de ce que la terre que l’eau ne couvre pas est plus légère que la terre entourée d’eau.
» Lorsque la terre que l’eau ne recouvre pas a été humectée, elle sèche de nouveau et devient plus légère ; son centre de gravité ne peut donc coïncider avec son centre de grandeur ; mais, sur le diamètre terrestre, celui-là tend, plus que celui-ci, vers la partie que l’eau recouvre.
» Les eaux se réunissent aussi de ce côté-là, parce qu’il est le plus voisin du centre du Monde.
» On en conclut que la terre est dans un continuel mouvement local, parce que les parties les plus éloignées de son centre de gravité font effort pour s’égaler aux autres.
» Une même surface convexe entoure le tout ; l’eau ne surpasse pas la surface de la terre, mais elle réside dans la partie concave de cette surface. »
À son lecteur, Grégoire Reisch a voulu donner une idée de la doctrine de Buridan ; mais sa bonne volonté a été mal servie par son intelligence ; il n’a pas compris les raisonnements de Mécanique du maître parisien ; dans le passage que nous venons de rapporter, nous devinons une grave erreur que souligne la figure jointe au texte pour l’expliquer ; trois points doivent coïncider, qui sont le centre du Monde, le centre de la surface sphérique qui forme le niveau de F Océan, le centre de gravité de la masse formée par la terre et l’eau ; notre maître strasbourgeois, dans le texte comme dans la figure, a bien soin de séparer ces deux points.
La confusion qu’il commet va trouver, pour se répandre, la grande vogue de la Margarita philosophica.
La théorie parisienne de l’équilibre de la terre et des mers a reçu, de Grégoire Reisch, un exposé erroné et incompréhensible ; c’est tout ce qu’en diront les maîtres allemands.
