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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome X.djvu/352

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Chapitre IV
L’ÉCOLE ASTRONOMIQUE DE VIENNE

I
NICOLAS DE CUES ASTRONOME ET MATHÉMATICIEN


En Dynamique, Nicolas de Cues nous est apparu comme un disciple infidèle de l’École de Paris ; il a recueilli l’enseignement de cette École, il en garde quelque souvenir, mais il ne sait point se tenir aux pensées solides et fécondes qui s’y trouvent contenues ; aux principes d’une science fondée sur le bon sens, ses tendances mystiques et son goût du paradoxe mêlent de chimériques rêveries.

Par ses travaux d’Astronomie, comme par ses réflexions sur le Dynamique, il semble désireux de suivre la tradition parisienne ; mais il ne tarde guère à la délaisser.

Lorsqu’en 1436, il présente au Concile de Bâle un travail en faveur de la réforme du calendrier[1], nous nous attendons à trouver en lui un continuateur de Jean de Murs, de Firmin de Belleval et de Pierre d’Ailly ; mais nous sommes bientôt déçus.

Au sujet de la durée de l’année, il commence par étaler une érudition fort désordonnée, mais qui semble très grande ; simple piperie ; cette accumulation de témoignages où ne se rencontrent cependant pas les noms de Roger Bacon, de Jean de Murs, de Firmin de Belleval, de Pierre d’Ailly, n’a pas du tout pour but de fixer l’opinion qu’il convient de choisir ; elle a pour seul objet de nous plonger dans le doute ; elle s’achève par la conclusion sceptique que nous avons rapportée et d’où semble être sortie l’ignorance savante.

  1. Nicolai de Cusa Reparatio calendarii ; éd. cit., t. III, p. 1157, s.