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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome X.djvu/353

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LA COSMOLOGIE DU XVe SIÈCLE

Aussi Nicolas de Cues ne propose-t-il pas, aux Pères du concile, un projet de réforme du calendrier solaire. La seule retouche qu’il demande a pour but de ramener à sa place le cycle luni-solaire de dix-neuf ans. On y parviendrait, à son avis, de la façon suivante[1] : En l’année 1439, où le jour de la Pentecôte tombe le 24 Mai, on conviendrait que le mois de Mai finit ce jour-là et que le lundi de Pentecôte est le 1er Juin. Puis, tous les trois cent quatre ans[2], on supprimerait un jour bissextile.

Avant le milieu du xive siècle, grâce aux astronomes a parisiens Jean de Murs et Firmin de Belleval, la question de la réforme du calendrier avait fait un progrès considérable ; elle avait atteint précisément la solution que la commission romaine devait décréter en 1582. Avec Pierre d’Ailly, le progrès accompli s’était trouvé maintenu. Avec Nicolas de Cues, tout le gain se trouve abandonné,

En tout domaine, le Cardinal allemand semble avoir été trop peu perspicace pour goûter les fruits de la science parisienne ; dans un de ses écrits mathématiques, nous en trouverons une nouvelle preuve.

Les problèmes de quadrature et, particulièrement, la quadrature du cercle ont vivement sollicité l’attention de Nicolas de Cues.

Un premier essai sur ce sujet, intitulé : Libellus de geometricis transmutationibus[3], est adressé à Paulus Magistrii Dominici physicus florentinus. Un autre opuscule De quadratura circuli[4] a la forme d’un dialogue entre le Cardinal de Saint-Pierre ès liens, évêque de Brixen, et le même Paulus physicus florentinus. Ce Paul, fils de Maître Dominique, médecin à Florence, c’est Paolo Toscanelli dont une lettre fameuse mit, dit-on, Christophe Colomb sur le chemin du Nouveau Monde.

Le dialogue sur la quadrature du cercle est daté de Brixen en 1457.

Les deux opuscules adressés à Toscanelli avaient laissé, dans l’esprit de celui-ci, quelque doute et quelque obscurité ; le Cardinal allemand lui envoya donc une nouvelle, page d’explications[5]. Toscanelli, d’ailleurs, n’avait pas été le seul que la

  1. Nicolai de Cusa Op. laud., éd. cit., t. III, p. 1104.
  2. Nicolai de Cusa Op. laud., éd. cit., t. III, pp. 1167.
  3. Nicolai de Cusa Opera, éd. cit., t. III, pp. 939-991.
  4. Nicolai de Cusa Opera, éd. cit., t. III, p. 1095-1098.
  5. Nicolai de Cusa Opera, éd. cit., t. III, pp. 1099-1100.