Aller au contenu

Page:Duhem - Le Système du Monde, tome X.djvu/364

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
361
L’ÉCOLE ASTRONOMIQUE DE VIENNE

L’Astronome doit avoir à sa disposition des tables qui lui permettent de déterminer d’avancé, et d’une manière très précise, l’état du Ciel à un moment donné ; Georges de Peurbach, Joannes Régiomontanus ont fait grand effort pour augmenter le nombre des tables astronomiques exactes.

L’astronome a besoin d’instruments qui lui permettent de déterminer les coordonnées des astres. Or Tannstetter nous dit que Peurbach et son disciple ont consacré une bonne part de leur labeur à construire des instruments nouveaux ou à composer des traités sur l’emploi des anciens instruments. Régiomontanus répandit l’usage de l’arbalestrille ou bâton de Jacob qu’avait inventé Lévi ben Gerson[1]. Il eut pour élève Martin Béhaim[2] qui était né vers 1430 à Nuremberg, dans la maison voisine de celle qu’habitait, sur la place du Marché, Wàlther, l’ami et le Mécène de Régiomontanus ; c’est Béhaim qui fit connaître aux marins portugais l’emploi du bâton de Jacob, qui fut, pour les auteurs des grandes découvertes géographiques, d’un perpétuel secours.

Enfin, l’astronome de profession désire que des manuels et des traités enseignent à ceux qui lui succéderont les théories qu’ils devront appliquer chaque jour ; nous avons vu quel prix ces deux professeurs de Vienne avaient attaché à la composition de tels livres.

Parmi les tâches, donc, qui s’imposent à l’adepte de l’Astronomie, il n’en est aucune qu’ils n’aient accomplie avec le plus grand soin.

Ne leur demandons, en revanche, ni changement aux hypothèses qui portent les systèmes astronomiques, ni discussion de ces hypothèses, ni considération de Mécanique ou de Physique, ni réflexion sur la Logique ou la Métaphysique ; nous pourrions parcourir tous leurs ouvrages sans trouver un seul mot qui répondît à nos questions.

Ce n’est pas qu’on n’ait souvent loué Peurbach ou Régiomontanus de quelque perfectionnement apporté aux hypothèses astronomiques ; mais toujours ces éloges s’évanouissent devant une information quelque peu précise.

Par exemple, au dire de Gassendi[3], Peurbach fut pressé d’écrire ses Nouvelles théories des planètes par le désir de dissiper

  1. Voir : Seconde partie, ch. VIII, § VII ; t. IV, p. 40.
  2. Alexander Ziegler Op. laud., pp. 54-59.
  3. Gassendi Op. laud., éd. cit., pp. 344-345.