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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome X.djvu/370

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L’ÉCOLE ASTRONOMIQUE DE VIENNE

Vienne dans l’admiration de l’École de Paris. Buridan, nous le savons, attribuait à la terre un déplacement très lent. Tous ses disciples, Albert de Saxe, Thémon, Pierre d’Ailly avaient admis cette supposition qui était devenue une des doctrines les plus remarquées de l’École de Paris. Un tel mouvement devais introduire une incessante irrégularité dans les circulations célestes. Nous avons entendu[1] Albert de Saxe se demander s’il ne fallait pas mettre au compte d’un tel déplacement terrestre le transport des points équinoxiaux découverts par Hipparque, étudié par Ptolémée. Serait-il surprenant que ces enseignements eussent trouvé quelque écho dans la pensée de Régiomontanus ?

Les écrits authentiques de Jean Müller nous montrent simplement en lui, comme en son maître Georges de Peurbach, un astronome grandement soucieux de toutes les parties de son art, mais indifférent à tout ce qui ne saurait rendre plus parfaite la pratique de cet art. La tradition nous dit qu’il eut d’autres préoccupations, qu’il s’enquit des mouvements de la terre propres à suppléer certains mouvements célestes ; si la tradition est véridique, nous devons croire que l’École astronomique de Vienne, par les soins de son plus illustre représentant, s’est appliquée à recueillir, dans les leçons de Paris, tout ce qui pouvait préparer la révolution copernicaine.

  1. Voir : Cinquième partie ; ch. XVIII, § XV, t. IX, pp. 303-306.