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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome X.djvu/431

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LA COSMOLOGIE DU XVe SIÈCLE

l’a mise en mouvement, et ce n’est pas par l’air, car elle demeure toujours, en tournant, dans le même lieu. Ces corps sont donc mûs par une vertu qui leur a été imprimée.

» Par là, on connaît la cause pour laquelle une piérre peut être lancée avec plus de vitesse qu’une plume et une lance longue qu’une lance courte, et pourquoi celle-ci frappe plus fort que celle-là ; c’est que la pierre reçoit, de cette vertu, plus que n’en reçoit la plume et qu’elle la conserve plus longtemps ; c’est qu’une lance longue et bien proportionnée à la main reçoit, de cette vertu, plus qu’une lance courte, et qu’elle la reçoit mieux…

» Ainsi, dans la projection d’un corps grave ou léger concourent trois mouvements dont un est naturel et les deux autres violents ; cela se voit ; en effet, pendant le jet de la pierre, celle-ci est mue de mouvement violent, car elle est mue par un principe extrinsèque étranger à l’inclination du patient ; l’air qui précède le projectile est mû de mouvement violent, car il est divisé contrairement à sa propre inclination ; mais l’air qui suit la pierre se meut de mouvement naturel afin d’empêcher la production du vide. »

À cette conclusion, notre auteur prévoit une objection qu’il formule en ces termes :

« Le mouvement de la pierre vers le haut est naturel, car il provient d’un principe intrinsèque, savoir, comme on l’a dit, de cette vertu imprimée. »

Cette objection, c’est précisément celle qu’il tenait pour valable en son Expositio super libros physicorum ; c’est celle qui lui faisait repousser la théorie des modernes, encore qu’elle fût communément reçue. Maintenant, cette objection se voit rejetée à son tour, et de la manière suivante :

« Nous nions que le mouvement de la pierre vers le haut provienne d’un principe intrinsèque ; afin de le prouver, nous nions qu’on fasse un raisonnement concluant lorsqu’on dit : Ce mouvement provient d’une vertu qui existe dans la pierre, donc il provient d’une vertu intrinsèque. En effet, par principe intrinsèque nous entendons quelque chose que le composé naturel s’assigne naturellement à lui-même. »

Du Péripatétisme de Paul Nicoletti, la Dynamique parisienne a eu raison.

La défaite de ce Péripatétisme se marque également dans ce que dit notre auteur du fameux repos intermédiaire entre l’ascension et la chute d’un projectile.