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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome X.djvu/432

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PAUL DE VENISE

De ce repos, Paul traite dans l’Expositio super libros physicorum[1] ; mais les termes qu’il emploie sont, comme ceux qu’Hipparque avait employés[2], assez vagues pour s’accommoder de toutes les suppositions sur le mouvement des projectiles.

Il présente d’abord, à la supposition du repos intermédiaire, l’objection que voici :

« Quand une balle est jetée en l’air, la cause n’apparaît pas, en vertu de laquelle elle demeurerait en repos, pendant un certain temps, en un certain point de l’air, pour tomber ensuite. En effet, entre l’instant où elle cesse de se mouvoir vers le haut et l’instant où elle commence de se mouvoir vers le bas, elle a constamment plus de puissance que la résistance du milieu. »

À cette objection, voici la réponse :

« Je dis que la balle demeure en repos pendant un certain temps ; en effet, au moment où le mouvement d’ascension prend fin, la vertu[3] qui pousse la pierre vers le haut a une puissance aussi grande que la pesanteur de la balle, et immédiatement après cet instant, elle est moins puissante que cette pesanteur ; cependant, la pierre ou la balle ne, se met pas, pour cela seul, à descendre ; en effet, la résistance de l’air jointe à la puissance qui meut vers le haut est plus grande que la puissance de descente qu’est la gravité ; la balle s’arrête donc ; elle demeure en repos dans l’air tant que la résistance totale à la descente reste supérieure ou égale à la pesanteur ; mais aussitôt qu’elle commence à devenir plus petite, le projectile se met à descendre. »

Qu’est-ce que cette vertu ou puissance qui pousse le mobile vers le haut ? Est-ce l’ébranlement de l’air ? Est-ce un impetus imprimé dans le projectile ? Pas un mot ne nous permet de le décider. Mais, presque aussitôt après le passage que nous venons de rapporter, nous lisons le nom de Walter Burley dont Paul a, sous les yeux, les Commentaires sur la Physique ; et dans ces Commentaires, nous le savons[4], l’ébranlement de l’air est très expressément chargé d’expliquer l’ascension du projectile et l’arrêt d’un instant qui précède la chute. Qu’ici comme en toute l’Expositio, Nicoletti admette cette explication, nous n’en pouvons guère douter.

  1. Pauli Veneti Expositio super libros physicorum, lib. VIII, tract. III, cap. III, tertia conclusio, fol. sign. U ij, col. a et b.
  2. Voir : Première partie, ch. VI, § VI, t. I, pp. 386-388.
  3. Au lieu de : virtus, le texte dit : versus.
  4. Voir : Cinquième partie, ch. XI, § VI, t. VIII, pp. 266-269.