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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome X.djvu/438

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PAUL DE VENISE

l’opinion dont il s’agit, cette balle est à la fois mouvement de translation et mouvement de rotation, mouvement uniformément difforme et mouvement uniforme. »

Il est visible que Paul de Venise admet pleinement la théorie de la chute des corps que Jean Buridan, qu’Albert de Saxe avaient inaugurée à Paris ; par lui, elle se trouve enseignée dans cette université de Padoue où Galilée lui devait, deux siècles plus tard, assurer un si merveilleux développement.


VIII
l’équilibre de la terre


C’est une doctrine bien caractéristique de la Physique parisienne que cette théorie de la chute accélérée des graves ; en l’enseignant, Paul de Venise s’est mis au nombre des disciples de Jean Buridan. Il n’y prendra pas place au sujet des mouvements très petits, mais continuels, que le Philosophe de Béthune, que son élève Albert de Saxe attribuaient à la terre.

Ce n’est pas, d’ailleurs, qu’il ignore la théorie de ces auteurs, car il l’expose en ces termes, sommaires, mais clairs et exacts[1] :

« Il semble que la terre doive monter sans cesse, soit du côté de notre hémisphère, soit de l’autre côté ; en effet, grâce à la lumière du Soleil, d’une part, aux influences refroidissantes du Ciel, d’autre part, on voit qu’une partie de la terre s’alourdit tandis que l’autre s’allège ; dès lors, la partie la plus lourde repousse continuellement la plus légère, jusqu’à ce que le centre de gravité du tout se trouve être le milieu du Monde. »

À ce raisonnement, qu’oppose-t-il ? Le voici : « L’élément terrestre, pris en sa totalité, ne se meut jamais d’aucun mouvement, bien que, sans cesse, certaines parties de la terre deviennent plus lourdes et d’autres moins lourdes. Il faut imaginer, en effet, que le centre de gravité divise la terre en deux parties dont les pesanteurs se comportent de façon semblable à des poids égaux en équilibre. Or, si chacun de ces poids pèse comme 2, tandis que l’air résiste comme 3, il est certain qu’un de ces poids ne soulèverait pas l’autre, si on lui ajoutait un

  1. Pauli Veneti Expositio super libros Physicorum, 11b. IV, tract. I, cap. IV pars II, troisième fol. après le fol. sign. U iiij, col. b et c.