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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome X.djvu/53

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LA COSMOLOGIE DU XVe SIÈCLE

des que le Docteur Subtil et ses disciples aient émises au sujet de la Cosmologie ; de ces pensées, signalons les plus marquantes.


A. Le lieu


Le manuel de Nicolas de Orbellis est composé secundum viam Doctoris Subtilis Scoti. On ne s’étonnera donc pas que la théorie du lieu[1] qui s’y trouve développée ne soit qu’un résumé des idées éparses dans les ouvrages de Duns Scot. Le professeur de Poitiers insiste, en particulier, sur cette proposition : Un corps immobile, plongé dans un milieu mobile, change sans cesse de lieu ; mais tous ces lieux successifs sont équivalents.

Relativement au lieu de la huitième sphère, bien qu’il cite seulement l’opinion d’Aristote, c’est à celle d’Averroès qu’il s’arrête, car il formule ainsi sa conclusion : « On doit assigner un lieu à la sphère en tant qu’elle est autour de quelque chose, autour du milieu ou du centre. On dit donc bien en déclarant que le Ciel est en lieu parce que son centre est en un lieu. »

Cette conclusion ne contredit pas aux opinions de Duns Scot ; cependant, elle ne les reflète pas d’une manière particulièrement nette.

Nicolas de Orbellis y joint cette proposition : « Il faut noter, toutefois, que, selon la foi, le premier mobile est en lieu per se, car, au-delà, se trouve le ciel Empyrée, dont les philosophes n’ont point eu connaissance ; quant au ciel Empyrée, il n’est point en un lieu, au-delà, il n’y a rien. »

Ce passage, trop concis pour être clair, paraît contenir une adhésion à la théorie de Campanus de Novare et de Pierre d’Ailly ; l’Empyrée n’est en aucun lieu, mais l’auteur semble admettre que ce Ciel n’a pas besoin d’être logé, car il est immobile. Si telle est bien sa pensée, elle tombe sous les coups de la très perspicace critique de Duns Scot, dont Nicolas de Orbellis se montre ici disciple fort infidèle.


B. Le vide et le mouvement dans le vide


En ce qu’il dit du vide et du mouvement dans le vide, il le suit plus exactement.

Avec Duns Scot, et contre Aristote, Nicolas croit à la possibilité d’un espace vide. « Bien qu’il n’y ait pas de vide dans

  1. Nicolai de Orbellis Physicorum, lib. IV, cap. I.