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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome X.djvu/67

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LA COSMOLOGIE DU XVe SIÈCLE

En soutenant, contre le Péripatétisme, que le mouvement est concevable dans le vide, qu’il s’y ferait, toutes choses égales d’ailleurs, plus vite que dans le plein, que le seul effet d’un milieu fluide est de ralentir le mouvement et d’en compliquer les lois, Jean Philopon avait posé des principes sans lesquels la Dynamique n’aurait jamais pu se dégager du chaos ; très heureusement acceptés ou plagiés par Ibn Badjâ, ces principes étaient venus à la connaissance de Saint Thomas d’Aquin et de Duns Scot, qui avaient eu la sagesse d’y reconnaître la vérité ; l’École de Buridan avait malencontreusement repoussé cette doctrine pour revenir à celle d’Aristote ; mais grâce à l’influence de Duns Scot, la Faculté des Arts de Paris comptait encore, après l’expiration du Moyen-Âge, des partisans de Jean Philopon ; ils gardaient contre le complet oubli les pensées dont devait sortir un jour la Dynamique de Galilée.


C. Le mouvement des projectiles


Hennon nous a promis d’examiner, au huitième livre de la Physique, cette question : Qu’est-ce qui meut les projectiles ? Il ne manque pas à sa promesse.

Après avoir rappelé l’opinion d’Aristote, il poursuit en ces termes[1] :

« Cela est faux, dit une seconde opinion, et voici ce qu’elle affirme : Le moteur qui projette imprime dans le mobile un impetus ou vertu impulsive ; à cette vertu résistent la gravité du mobile et la résistance du milieu ; cette vertu, donc, meut continuellement le projectile jusqu’à ce qu’elle soit détruite.

» En effet, dit cette opinion, il semble impossible que le toton ou la meule du forgeron ou tout autre corps mû d’un mouvement de rotation qui le maintient toujours en un même lieu soit mû par l’air ambiant ; il semble également impossible qu’une flèche ou une lourde pierre lancée par une machine puisse être mue par l’air avec tant de vitesse. »

Hennon ne dissimule pas que cette opinion contredit directement au Philosophe et qu’elle est évidemment fausse au gré de celui-ci ; mais il est clair qu’il l’adopte, car il se hâte de dissiper les difficultés qu’on y pourrait trouver.

  1. Joannis Hennon Physicorum lib. VIII, 2a difficultas, ms. cit., fol. 146, col. b et c.