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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome X.djvu/68

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L’UNIVERSITÉ DE PARIS AU XVe SIÈCLE

« On demandera peut-être comment il se peut faire, selon cette opinion, que le mouvement des projectiles soit violent, et non pas naturel, alors qu’il provient d’un principe intrinsèque, qui est l’impetus.

» On peut donner cette première réponse : Pour que le mouvement soit violent, il suffit que le moteur premier et principal soit extrinsèque ; l’instrument de jet est bien tel.

» D’une seconde manière, on peut répondre : Pour que le mouvement soit violent, il suffit qu’il soit contraire à la naturelle inclination du mobile ; c’est ce qui a lieu pour le mouvement des projectiles.

» Enfin, d’une troisième façon, on peut sauver la violence du mouvement en disant : Ce mouvement seul est dit naturel qui provient d’un principe intrinsèque essentiel ou d’une forme substantielle ; or le mouvement des projectiles provient d’un principe accidentel. »

Nous retrouvons là, du moins en ce qu’ils ont d’essentiel, les principes déjà posés par Jean Philopon ; mais de ces principes, Jean Buridan et ses disciples avaient tiré divers corollaires d’extrême importance que délaisse le traité trop concis de Jean Hennon.


D. La chute accélérée des graves


Parmi les conséquences que les Parisiens avaient tirées de la théorie de l’impetus, l’une des plus importantes expliquait l’accroissement de vitesse qui s’observe en la chute d’un grave ; cette conséquence, Hennon ne l’omet pas.

C’est avec grand soin que notre auteur examine ce problème[1].

« Tout mouvement local, naturel et rectiligne, qui se produit en milieu uniforme est, dit-il, plus vite à la fin qu’au commencement. En effet, il résulte des hypothèses faites que la résistance demeure constamment la même, puisque le milieu est uniforme, tandis que la puissance motrice va en croissant.

» Nous disons : le mouvement local rectiligne, car il en est différemment du mouvement circulaire et des mouvements autres [que le mouvement local]. Nous disons aussi : naturel, car le mouvement violent se comporte de façon contraire. Nous

  1. {{|Joannis Hbnnon}} De Cælo et mundo lib. II, dubium 3m ; ms. cit., fol. 164, coi. a, b et c.