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ANTONIA

« Oh ! tenez ! je guéris la soif, l’affreuse soif, et rien n’est plus de ces blessures… »
Je suis guéri de mes blessures.

Ah ! les chemins étaient moroses,
Mais voilà qu’ils sont pleins de roses ;

C’était l’horrible nuit,
Mais l’étoile luit ;

L’haleine des tombeaux soufflait parmi les champs,
Mais l’encens
Fume sous les arbres caressants.

Ah ! quelle assomption !
Quelle déification !

Celle
Qui se révèle,
C’est elle ;

Oui, la voici ;
Merci !
Mon cœur n’a plus de souci.

Et je me pâme, je me meurs, je m’abandonne ;
Ô nuit si douce, si belle, si bonne !
Et je te vois, et je te nomme…

Ô ma sœur !
Ô mon cœur !