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les premiers poètes du vers libre

cisément des poèmes en prose qu’il avait publiés antérieurement, et que c’est, en fait, dans un poème en prose qu’il accusa Marie Krysinska de l’avoir imité. Tout cela, on le voit, concorde parfaitement.

Mais il était également poète en vers, et en même temps qu’il était hanté, comme dit René Ghil, par le poème en prose, il cherchait une formule du vers, tout en restant dans celle du vers régulier ou libéré, et, là-dessus, le témoignage de Ghil est caractéristique, il « semblait n’avoir aucun amour » pour ce qu’il avait écrit.

Il était donc, au moment de la visite de Ghil, dans un double état de mécontentement quant au vers régulier et d’hésitation quant au poème en prose, et il serait ainsi allé en même temps du poème en prose au vers libre et du vers régulier au vers libre, ce qui serait infiniment logique, puisque le vers libre est l’aboutissement tant du vers régulier que du poème en prose. Il aurait, en somme, suivi la même évolution que Rimbaud, cela indépendamment de Rimbaud, et voilà qui n’est pas pour le diminuer, j’imagine.

Disons donc, pour nous résumer, que Gustave Kahn a été de ceux qui ont cherché le plus persévéramment le vers libre, qu’il l’a trouvé probablement par une évolution parallèle à celle de Rimbaud et où l’exemple de Rimbaud n’a pu jouer que le