Page:Dujardin - Poésies, 1913.djvu/229

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III


Oh ! je renais, je revis, je redeviens moi-même ;
J’aime ;
Je suis celui qui se retrouve adolescent ;
Mes yeux se rouvrent ; des accents
Joyeux montent du fond de ma poitrine ;
Mon âme s’illumine ;
Du long soleil d’hiver, mon printemps ressuscite ;
Nuit polaire, tu fuis ; salut, malin !
Engourdissement torpide,
Nuit livide,
Je vous secoue, ténèbres de langueur ;
Mon cœur,
Ainsi que la nature en avril, se réveille ;
Et pour mûrir bientôt, tu reverdis, ô treille ;
Le vieil homme n’est plus ;
Me revoici celui qu’au temps passé je fus ;
Tout chante ; c’est le jour ; je rouvre la fenêtre ;
Je deviens celui que j’avais rêvé d’être.