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vieilles priaient, les jeunes cachaient leurs poupons dans les plis de jupons en guenilles.

Le Maire parlementa avec l’envahisseur pendant que — tassés sur une petite place — les soldats français désarmés se tordaient désespérément les bras.

— Où pouvoir mettre mes blessés coucher ? lui dit un officier prussien.

— À l’École. Il en est un hôpital presque installé, intervint un feldwebel en allemand très pur.

C’était Castagne qui paradait maintenant en uniforme. Un dialogue bref suivit cette réponse et des salutations soulignèrent une présentation.

— Prenez des hommes et évacuez tous les lits ! ordonna l’officier.

Dans l’ambulance, tout le monde haletait et le silence pesait, comme si le moindre mot eût pu déclancher le malheur. Des pas scandés rasèrent les murs de l’école, et la porte céda sous une poussée irrésistible. Le major était droit et calme au milieu du dortoir, ses infirmiers attendaient derrière lui, et Rhœa plus pâle que sa blouse, se penchait sur un malheureux. Castagne, la cravache haute, fit une entrée de cabotin et profita de l’ahurissement que causait sa métamorphose pour crier :

— Emparez-vous des officiers et f… tout ça par la fenêtre.

Comme les soldats n’obéissaient pas, il s’aperçut qu’il avait, par habitude, parlé en français. Il répéta