Page:Dulac - La Houille rouge.pdf/27

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— Vous m’intéressez !

Un cri déchirant traversa la cloison voisine.

— Une minute, s’il vous plaît. J’ai trois pensionnaires et je ne sais laquelle a besoin de moi en ce moment.

La sage-femme disparut et revint quelques minutes après.

— Ce n’est pas très urgent. C’est la femme d’un petit sous-lieutenant qui est en train de pondre son second ; elle a déjà un fils et cela ne leur a pas suffi. Pourtant il n’y a pas de fortune dans le ménage, mais… le curé surveille le cabinet de toilette !

Un nouveau rire ponctua leur conformité d’appréciation ; puis, le silence s’établit. Une vague politesse empêchait la visiteuse de renouveler sa demande, bien que l’impatience commençât à la gagner. Un gémissement monta de la pièce à côté.

— La maternité !… Romance sans parole… gouailla Madame Rhœa, les yeux subitement durs et la lèvre mauvaise. Vous vous demandez peut-être comment je peux, sans émoi, passer du Devoir à la Faute. Eh bien ! écoutez la raison.

Une plainte douce modulait tout près un chant de souffrance.

— C’est ce cri de bête en gésine, c’est à cause de l’injuste douleur qui accable la femme et dont l’homme est exempté, que je suis devenue l’ennemie de la nature. Moi aussi j’ai râlé pendant le spasme de mes flancs ; et, tandis que mes