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— Veux-tu m’embrasser en guise d’absolution ?

— Voilà ! Que Dieu te garde autant qu’il gardera la France, dit-elle.

. . . . . . . . . . . . . . . . . .

Le rideau de fumée que les incendies de Belgique baissèrent sur le premier acte de la tragédie militaire, plongea le Civil dans l’épouvante du crime déchaîné. Mais les cris d’agonie des Martyrs — pour qui les bourreaux reculaient les limites de la cruauté — réveillèrent les plus purs de nos atavismes.

Mme Lartineau — que des renseignements de source autorisée tenaient au courant des premiers désastres, — ne trouvait de refuge qu’en la religion. Elle était à Tillière, dans sa propriété de l’Eure, quand le maire fut chargé d’annoncer à la générale la mort de Joseph ; (le fils à qui Rhœa avait fermé les yeux). Mais le brave homme ne put se décider à remplir ce devoir ; bien qu’il fût en violent désaccord de principes avec le curé, il alla le trouver. Celui-ci était un très vieil homme, qui accepta la mission avec d’autant plus de tristesse, qu’il venait de confesser Mme Lartineau. Il savait donc, mieux que personne, sur quelle âme allait s’abattre la douleur.

Le lendemain, dans la petite église, trois femmes s’avancèrent vers la Sainte Table pour y communier. La main du prêtre tremblait sur le bord du