Page:Dulac - La Houille rouge.pdf/309

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Je n’ai plus que peu de temps à vivre et je voudrais avant de partir, confier mon fils — et les parias ses frères — au cœur de toutes les femmes de France. Je vous adjure de faire trève à l’égoïsme du passé. Vous avez pleuré, vous avez tremblé, vous ne pouvez pas ne pas avoir compris la leçon de l’heure. Organisez — quelles que soient les résistances que vous rencontrerez — l’élevage gratuit de l’enfance jusqu’à l’école, et de l’école jusqu’au Travail. J’affirme qu’il y aura des maternités généreuses si la mère remonte sur le piédestal dont on l’a renversée. Que l’Opinion poursuive mieux que les tribunaux les matrones complaisantes et criminelles, et que soient mises au plus tôt en commun les charges et les gardes du jeune âge. Mais que, sous aucun prétexte, la mère ne puisse ou ne doive perdre contact avec son enfant ; qu’elle ait tout loisir de le voir, de l’aimer et d’en être aimée.

Ressaisissons-nous !… Mettons la Vie en balance avec la Mort. Pour une caserne qui s’élève, bâtissons trois crèches  ! Que la berceuse soit la Marseillaise du foyer : formons les bataillons des futures épopées  !

Enfin, mesdames, que l’adoption des Campagneaux et des campagnelles soit le prélude d’une ère de fécondité : Proclamez les droits de l’Enfant en défendant ceux de ces déshérités. Femmes de France prenez pour devise, ces mots prometteurs d’hommes et de victoires :