Page:Dulac - La Houille rouge.pdf/31

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qu’elle arrivait à articuler, c’était cette pénible excuse :

— Pardonnez-moi, Madame, veuillez attendre… ça va passer.

— Mais oui… mais oui… simple effet de grossesse.

La délicieuse tête du jeune professeur de piano s’inclina, confuse ; et, dans l’azur noyé de ses prunelles, passa la supplique qu’attendait Rhœa, toutes canines découvertes.

— Voyons… pressons-nous… Qui êtes-vous, Madame ?…

— Je suis Sylvia Maingaud, et je donne des leçons de musique. Ma mère et moi vivons du produit de mon travail.

— Mais c’est très bien ! Il n’y a pas de quoi pleurer… Le travail et le courage, j’aime cela, moi ; vous m’êtes déjà sympathique. Dites-moi qui vous a envoyée ici ?

Une hésitation retarda la réponse. Après avoir tamponné ses paupières, la visiteuse reprit en baissant la voix :

— C’est Marie Troupier, la bonne de Madame Chartier ! J’apprends le solfège au petit garçon, et, comme je fus prise de nausées pendant la leçon, Marie comprit mon malheur et me dit que…

— Que quoi ?… fulmina Rhœa.

— Que… si je vous racontais mon histoire, vous auriez pitié de moi.