Page:Dulac - La Houille rouge.pdf/93

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C’était Gilette Destange que l’âge n’avait pas assagie et qui trottait le nez au vent.

— Que devenez-vous, charmante théosophe ?

— Oh ! mon Dieu, je m’efforce d’arrêter la cruauté du temps. Je travaille.

— Suivez-vous toujours les leçons du Brahmane ?

— Non… Je ne sais quelle voix intérieure me crie de le fuir. Il est pourtant bien intéressant.

— Et l’astrologie ?

— Je la pioche ; malheureusement, je ne sais presque rien, et malgré mon désir d’apprendre, je n’ose me laisser aller dans les griffes de cette bande. Je sens flotter tout autour de ces gens une atmosphère d’escroquerie et d’aventure. J’ai peur.

— Avez-vous consulté le ciel et aurons-nous la guerre ? dit en riant la sage-femme.

— Certainement, dit Gilette. Le cycle de Mars est commencé et pendant trente ans, la guerre sévira sur le monde entier ; elle ira de l’Orient à l’Occident, et nul continent n’en sera excepté.

— Ah ! bah ! et pouvez-vous préciser l’époque de celle qui atteindra la France ?

— Je ne suis pas très calée, mais ce sera entre 13 et 14. Le soleil évoluera trois fois pendant l’hécatombe.

— Taisez-vous, ce serait trop horrible. Nul n’osera déchaîner un tel fléau,

— Mais il éclaterait tout seul. Mars a la propriété de faire naître une fermentation homicide dans les