Page:Dulac - La Houille rouge.pdf/97

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soir : une de ses délivrées avait une hémorragie.

— Pourquoi n’êtes-vous pas venu à mon appel, dit-elle au docteur Horn ? La petite blonde a failli me passer entre les doigts.

— C’est cela qui m’est égal, aujourd’hui. Le tocsin sonne en Europe et la mort d’une femme m’indiffère.

— Chut ! fit d’une voix profonde la sœur de Nida le brahmane. Je crois que maintenant, nous pouvons causer. En ma qualité de chef — ou prêtresse de la Houille rouge, — voici les instructions que comportent les événements. L’assassinat de Ferdinand et de l’Archiduchesse est certainement l’étincelle attendue du grand incendie européen. Nous l’avons suffisamment préparé pour que nous nous réjouissions de ces premiers crépitements. Salut au Point ! N’oubliez pas que le sang est le sublime levier des civilisations et que vous devez endurcir vos nerfs, car il va couler en une splendide saignée. La terre s’abreuvera de pourpre, et la victoire volera sur des abîmes que les cadavres auront comblés. Que l’horreur vos derniers efforts et que chacun de nous concoure à l’apothéose Impériale ; ainsi le veut la destinée. Nous avons tous juré sur le Progrès universel, et lui seul est le but de notre œuvre ; nous sommes les pionniers de la Sublime Race. Je vais remettre à chacun de vous un pli cacheté, vous ne l’ouvrirez que sur le mot de passe du Spectre Solaire. Nous allons faire une répétition. Voyons,