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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

de lire : l’Impératrice-Reine a été à la messe ; M. l’abbé Arnaud a eu l’honneur de présenter à Monseigneur le Dauphin un volume du journal étranger ; comme cet auteur n’en vend pas, il fait des générosités ; le Prince-Stathouder a été enrhumé ; Gaspar-Thomas Koutionki est de retour de son voyage en Sibérie ; le Pape a ouvert la bouche au cardinal Pimpernelli ; Mgr Xavier-Macchabée-Barthélemi-Jérôme Eustache de la Villa-Canos-Chantra-Va-Caelos s’est couvert devant Sa Majesté Catholique. Le lord Rosbifbroute a reçu la jarretière ; Jeanne-Françoise de Courte-en-Lair, marquise de Courte-Champ, est morte dans ses terres en Poitou le 12 de ce mois, âgée de quatre-vingt-sept ans ; elle est la dernière de la maison de Courte-Paille.

Ces bêtises me parurent originales ; je demandai au philosophe pourquoi l’on perdait le temps à écrire ces puérilités ? — « On s’intéresse, me dit-il, dans notre cave, à tout ce qui arrive aux grands : — mais le journal étranger, une bouche ouverte, une jarretière, un rhume, tout cela est bien petit ! — Que veux-tu ? La gazette est comme le carrosse de Paris à Orléans, vide ou plein, il faut qu’il parte ».

Cette cave si brillante, sa verdure, les arbres, perdaient chaque jour de leur éclat ; les pluies devenaient abondantes, les beaux jours rares, le soleil se laissait à peine entrevoir, des vents froids avaient chassé les zéphyrs qui s’étaient envolés avec les fleurs. Ce changement m’attristait, j’en