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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

péré ; son chien a une patte cassée, elle a déjà eu cinq à six faiblesses très dangereuses, elle n’en revient que pour gronder ses gens. La comtesse *** a un mari vigoureux, deux grands laquais, un cordelier, un mousquetaire ; en vérité, les femmes de condition ne sont pas raisonnables… La petite… de l’Opéra en tient de ce grand cordon bleu qui est si bête… Mme  la Vicomtesse… prend trop de baume de vie ; si elle le prenait ailleurs que chez Le Lièvre, elle guérirait plus tôt ; son mari est un vieillard de vingt-huit ans, qui, de sa vie, ne pourra guérir sa femme. La Baronne m’a fait demander ce matin, voilà la première fois qu’elle appelle un médecin : dans ses maladies, elle allait toujours à S. Roch, à Notre-Dame, à S. Eustache ; il est fâcheux d’avoir dans notre métier de pareils rivaux ! » Après cette sortie, le docteur me prit joliment le bras, le toucha quelque temps, fit une longue dissertation sur le tact, le mouvement du sang, qui ne me soulageait point.

Le médecin avait ordonné un lavement ; on fut le commander à l’apothicaire. Ariste, occupé dans ce moment, oublia de me donner des notions du lavement et des cérémonies qui le précèdent. L’apothicaire entra chez moi, tira de dessous sa redingotte une seringue ; je le pris pour un tonnerre de poche ; il était à peu près semblable à ce qu’Ariste appelait un fusil ; je frémis en le voyant ; je demandai à cet homme s’il voulait me donner la puanteur. « Non, non, mademoiselle, cela ne pue point ;

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