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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

c’est une décoction de camomille ; l’odeur n’est pas désagréable pour ceux qui aiment la camomille romaine ; il faut prendre, s’il vous plaît, ce remède tandis qu’il est chaud. » Voyant que je ne remuais pas, l’apothicaire me dit : « Allons, mademoiselle, mettez-vous sur le lit. » Ne concevant rien à la médecine, je crus qu’il fallait boire ce breuvage sur mon lit : je m’y jetai. « Tournez-vous », me dit-il. J’eus la complaisance d’obéir. « Troussez-vous. — Qu’appelles-tu me trousser ? — Découvrez votre derrière, je ne puis vous donner le lavement dans cette attitude… — Comment, monstre ! que veux-tu ? Serais-tu un jésuite ? J’ai lu l’autre jour que ces moines étaient exécrables. — Non, que la bonne sainte Geneviève m’en garde ! » Je compris alors ce qu’il voulait dire : « Comment tu veux me ficher ce long tuyau dans le derrière, tu es effroyable ! » Je fis un bruit horrible ; Ariste accourut : voyant le sujet de la dispute, il appela ma femme de chambre, la gronda de ce qu’elle ne faisait pas cette opération. Marthon s’excusa en disant qu’elle n’avait jamais donné de lavement, que si elle avait eu un malheur dans sa vie, au moins son derrière était encore vierge.

Je questionnai mon amant sur ce remède, il m’expliqua la théorie du lavement : la liqueur contenue dans ce cylindre est une décoction d’herbes émollientes ; par le mécanisme de cet instrument, on l’injecte dans les intestins, ce composé les rafraîchit ; les dames, pour être plus belles, en prennent