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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

été pendu pour dix sols ? Le premier avait un frère laquais chez la maîtresse d’un ministre, l’autre n’avait point de frère laquais chez la maîtresse d’un ministre… — Je t’entends, chez toi, le malheureux seul est puni ; il sert à tes médecins pour faire des expériences, à tes lois pour leur donner de la force ; tu punis celui qui vole dix sous, et tu laisses passer tranquillement les fripons qui sont en carrosse ; ah, ta cave est détestable ! »

Pour me dissiper, je me mis à la fenêtre pour examiner le tumulte de Paris. Je vis passer un carrosse, six grands coquins étaient collés derrière, ils tenaient des bâtons en l’air : je demandai ce que signifiaient ces bâtons suspendus ? « Un carosse, me dit le philosophe, avec six gueux de cette espèce et des cannes en l’air, annonce sur le pavé de Paris un homme qui se ruine pour représenter une des images du Dieu de notre cave. — Des bâtons en l’air te font donc honneur ! Ton Paris a bien du vide ! j’honore davantage ton fermier à la tête de ses moissonneurs, ces hommes ne sont point fainéants ; tes Parisiens n’aiment, ne s’éblouissent que de ce qui n’est pas estimable. » On vint nous apporter un billet d’enterrement, nous y allâmes le lendemain.

L’église était tendue de noir ; on avait répété partout des cartons peints et écartelés comme des phases de lune dans les almanachs, et distingués par différents emblèmes. Dans le premier, on voyait quatre-vingt-dix-neuf moutons et un Cham-