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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

tes lieutenants de police et ton guet à pied et à cheval. Ta terreur panique et tes alarmes ont rendu tes frères malheureux ; sans tes lois dures et barbares et la plupart stupides, l’homme n’aurait pas connu le crime et ne l’aurait point cru nécessaire à tes passions ; tes législateurs ont fait sortir l’homme de la nature, et leurs lois n’ont fait qu’obscurcir sa raison en la révoltant ; ôte les lois, éclaire l’intelligence de l’homme, et tu chasseras les crimes de la terre, où la liberté doit être la première loi. Tu crois faire des merveilles en faisant écarteler tes frères par des bourreaux, que fais-tu ? Tu punis quelques coquins imbéciles et tu donnes à des malheureux plus éclairés les moyens de faire le mal avec adresse. Un homme d’esprit peut commettre mille horreurs et ne pas craindre le glaive de ta justice ; jette tes lois au feu, imite la nature ; elle n’en a point fait à l’homme, elle se contente de toucher son âme et d’éclairer son esprit. Porte le jour de la raison dans l’âme de l’ignorant, éclaire son intelligence, et tu n’as plus besoin de lois.

« Le seul désordre que tu aurais à craindre chez les hommes, est celui qu’on remarque chez les animaux qui se battent quelquefois pour une femelle ; supposons que nous nous battions pour les femmes, la cause est fort belle ; nous ne nous égorgerons plus pour cent misères, pour des chiffons, pour des mouftis, l’émétique et l’animal du côté des docteurs.

« Les hommes, revenus à la simplicité de la