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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

— Oh ! cher Ariste ! vous vous perdrez dans la compagnie de cet homme ; a-t-on jamais soutenu rien de plus impertinent ? Selon le système de Monsieur, les dindons de Jérusalem étaient les frères des Machabées, et les ancêtres de M. le Marquis. »

La conversation fut interrompue par l’arrivée d’un petit abbé poupin : c’était la plus aimable fanfreluche de Paris. M. l’abbé minaudait, se donnait des airs d’anéantissement, il eut même des vapeurs et le ridicule de nos femmes de condition ; il tint une conversation décousue, un discours à la filigramme : « Ah ! monsieur Ariste, que le convulsionnaire est maussade ! nos étourneaux s’extasient, sans savoir pourquoi, au jeu de ce comédien automate… ; j’ai abandonné le Luxembourg, on n’y voit que des moineaux et les marchandes de la rue de Buci… On dit que nous conservons cette campagne notre attitude sur le Rhin, voilà bien des campagnes d’attitudes… M. de S***[1] va être contrôleur des fourrages à l’armée ; on dit que, pour épargner les rations et distraire l’appétit des chevaux, il leur fera lire le journal étranger… Le Pape continue d’être enchanté de son cher cousin Barbarigo, qu’il convient de canoniser… À propos, savez-vous que nous avons trois armées en Allemagne, une dans le tombeau, une sur le bord

  1. Contrôleur des finances et de la vieille vaisselle, ce ministre fameux avait trouvé des ressources merveilleuses dans la croix de sa paroisse, et dans les plats à barbes des financiers, qui, plus citoyens dans cette partie que dans l’autre, ont sacrifié généreusement leurs boîtes à savonnettes.