Page:Dulaurens - Imirce, ou la Fille de la nature, 1922.djvu/150

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
134
IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

sans trouver une personne de génie ; dans ta Bretagne, l’esprit est tombé en quenouille ; ta Champagne en aura quand toutes les parties du monde en seront pourvues. C’est le nombre des sots qui a effrayé sans doute M. Helvétius.

« Traité des études, par M. Rollin. La nature est préférable aux phrases de ce rhéteur. Le Sublime, allongé par Longin, est du galimatias : ton Mathanasius est plaisant pour les pédants et les érudits. Le Franc, de Montauban : j’aime sa Didon, son voyage et ses jolis vers ; son discours qui a ennuyé toute la France, ne m’a pas ennuyé, je ne l’ai pas lu. Ta Sévigné est ma bonne amie ; j’aime son cœur et son style, c’est la nature ; son cousin a du bon ; je suis du goût de M. de Voltaire, nous aimons mieux la cousine. Montaigne, c’est un prodige pour son siècle ; il mérite l’estime de tes neveux. Rabelais me fait pitié. Tes Mémoires de l’Académie sont des livres trop gros : les in-folio m’épouvantent ! Tes dictionnaires en général, ne valent rien. Milton, il faut le laisser admirer aux Anglais. Mme Deshoulières, je l’aime avec ses moutons ; j’admire l’esprit fort de cette femme, on voit un air de philosophie dans ses vers qu’on ne trouve point dans les auteurs de son temps. Molière, ô le grand homme ! Je l’adore. Regnard, je l’aime quand il s’approche de Molière. Piron, je le mets entre ces deux grands hommes quand je lis sa Métromanie. La Fontaine, il est bon, il est beau, il est si naturel ; quand je l’entends conter, je crie toujours, contez encore,