Page:Dulaurens - Imirce, ou la Fille de la nature, 1922.djvu/181

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
161
IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE


ment, mais je ne veux point de mariage. » M. Tirefort ne voulut pas trop me presser pour une première ambassade ; il me tira sa révérence ; je vis qu’il n’avait point appris à danser.

L’amour de M. l’Entrechat hâta mes progrès dans l’art de la danse. Cet animal, toujours bercé de l’idée de s’unir à moi, redoublait ses soins. Les mauvais traitements ne le guérissaient pas de la maladie de m’épouser ; pour réussir, il employa les moyens les plus efficaces à se faire détester. Un matin sa mère entra brusquement chez moi, m’aborda d’un air familier, et me dit : « Eh bien ! madame, quand finirez-vous avec notre fils Jacques ? » Comme je ne connaissais pas cette femme, ni le nom de baptême de mon maître de danse. J’avançai. « Que dites-vous, ma bonne ? — Bon, bon, madame, ne faites point la dissimulée, nous savons que vous aimez Jacques ? — Qui est-ce Jacques ? — Vous voulez rire, madame ? — Qui est-ce donc ce Jacques ? Voyez… — Eh Jacques ? c’est Jacques que vous savez bien. — Vous m’impatientez ; dites-moi donc qui est ce Jacques ? — C’est notre garçon. — Et qui est votre garçon ? — C’est Jacques ! » — Eh bien, cette bégueule ne s’expliquera-t-elle point ; je me mis en

    l’Académie. Un jour, s’escrimant dans un café sur la pureté de notre langue, l’un dit : « Quand Louis XIV naqua… » ; l’autre, qui croyait mieux savoir le français, reprit son camarade, et lui dit qu’il fallait dire : « Quand Louis XIV naquut ». Cette dispute fit rire le café, depuis les deux échevins Lillois n’eurent d’autres noms, que M. Naqua et M. Naquut.

11