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Page:Dulaurens - Imirce, ou la Fille de la nature, 1922.djvu/180

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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

Ambroise avait laissée, pour conserver le tendre souvenir du chanoine qui lui avait fait ce présent.

Maître Ambroise se fit annoncer pour le père de M. l’Entrechat. En entrant, je lui dis : « Monsieur, est-ce que votre fils est malade ? donnez-vous la leçon à sa place ? — Non, Madame, je n’ai pas l’honneur d’être maître de danse, je suis le bonhomme Ambroise, à votre service — Ah bien, monsieur le bonhomme Ambroise, à mon service qu’y a-t-il ? — Comme la beauté, madame, est une belle chose, et qu’une belle chose a son mérite, mon fils, amoureux de votre mérite, serait aise de se marier avec vous : c’est mon garçon ; ce n’est point qu’il est mon fils, mais c’est un esprit énorme. Dès l’âge de quatorze ans, il dansait comme un Cicéron, savait la musique comme une peinture, jouait tout seul sur le violon à livre ouvert des da capo. — Je suis persuadée, Monsieur Ambroise, des grands talents de M. votre fils, et très flattée de l’offre de sa main ; je ne veux pas me marier. — Est-ce que vous craignez, madame, d’entrer dans notre famille ? Grâce au Seigneur personne de nos gens n’a été pendu, je suis connu de nos échevins ; c’est moi qui ai l’honneur de réparer les brèches de la chaussure humaine. — Je ne doute pas, monsieur Ambroise, que je ne fasse une très forte alliance en me jetant dans votre famille ; la connaissance de vos échevins[1] me chatouillerait infini-

  1. Deux savants échevins de cette ville disputaient souvent sur Restaut, Vaugelas et le dictionnaire assez méchant de