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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

du Saint. Ils s’assemblèrent pour délibérer comme on ferait la proposition au prélat. Les coqs du village décidèrent qu’il fallait agir par l’organe de Polichinelle. On appela le sieur Bienfait au conseil, on lui donna ses instructions. Le soir, il fit demander par Polichinelle la permission d’exposer le Saint Sacrement le jour de Saint-Roch. Monseigneur, avec un sérieux admirable répondit : « Très volontiers, très volontiers, je ne puis rien refuser à Polichinelle. »

Après le spectacle, M. le bailli et les échevins de Chenonceaux menèrent Bienfait et le compère de Polichinelle au cabaret. Le vin fut prodigué comme aux noces de Gamache ; on tira à cartouches sur le curé et sur la servante ; les médisances épuisées, faute d’idées, on se querella, et la fête se termina par un combat sanglant. Trois échevins de Chenonceaux restèrent sur le champ de bataille ; c’était le maréchal, le maçon et le menuisier de la paroisse. Bienfait, qui avait tous les talents, entreprit, au défaut du chirurgien, le traitement des blessés. Ces nouveaux pansements sont dignes de grossir le petit volume de M. Dendermonde.

Avant de commencer l’opération, Bienfait fit un discours succinct sur l’utilité de la matière médicale, où il prouva l’impossibilité de guérir nos maux sans la connaissance de cette partie si essentielle à la médecine. « Ne croyez pas, messieurs, dit-il, que la nature sage et libérale nous ait abandonnés au hasard sur ce globe et qu’elle ait refusé à nos