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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

climats les simples nécessaires au soulagement de nos maux ; sans courir sous un autre hémisphère, cette mère tendre et riche les a mis autour de nous, les a placés sous nos mains ; vous en allez voir la preuve victorieuse dans le pansement de ces trois blessés abandonnés à mon expérience ».

Après ce discours à demi éloquent, Bienfait pansa le maréchal, il avait un trou à la jambe : il prit des étoupes, les trempa dans l’eau où les maréchaux refroidissent leur fer, appliqua ce baume sur la blessure, et pour tenir l’emplâtre, il mit un fer à cheval qu’il lia avec la cravate du malade. L’opération faite, il se tourna vers les spectateurs, et leur dit : « Ce nouveau traitement vous paraîtra peut-être singulier, il est cependant fait dans toutes les règles de l’art ; l’eau, où les maréchaux refroidissent leur fer, est ce qu’on appelle en médecine teinture de nard ; elle est imprégnée de particules de fer, qui font le même effet que la boule d’acier. Vous voyez que la nature attentive a mis dans les boutiques des maréchaux de quoi guérir les maréchaux ».

Le maçon avait un trou à la tête, le nouveau chirurgien lui fit un cataplasme de mortier, qu’il banda d’un vieux licol de cheval, en assurant que la chaux était un caustique brûlant et merveilleux pour étancher le sang des maçons.

Le menuisier avait le bras déchiré d’un coup de couteau. Bienfait appliqua le long de la blessure une planche de sapin, qu’il lia avec du fil d’archal.