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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

toute l’année sa nourriture. Cette vie frugale avait porté Lucrèce à la friandise, elle n’avait point d’argent pour en acheter, le père n’était pas volable, elle fit des connaissances.

Les boulangers de Châteaubriand font les biscuits et les macarons. La figure charmante de Lucrèce plut à un garçon boulanger ; le drôle s’aperçut de sa gloutonnerie ; il lui donna des soins et des macarons, il eut son pucelage ; c’était le donner à bon marché ; mais quand Lucrèce aurait fait la renchérie elle n’aurait pu trouver la valeur de cinq livres de macarons sur le bijou. Les garçons de Châteaubriand n’achètent jamais ces sortes de choses ; les filles ont encore l’habitude de les donner pour rien, c’est la seule simplicité qu’elles aient conservée du premier âge.

Le boulanger ne fournissait que des biscuits et des macarons, Lucrèce voulait de la variété. Le jardinier d’un couvent de moines fut sensible à ses charmes ; pour des noisettes et des pommes de rainette, il eut ses faveurs. Le fils d’un marchand épicier avait des bonnes choses. Lucrèce fut sa maîtresse pour des prunes. Son père eut un gros rhume, il fit usage des tablettes de guimauve ; Lucrèce en tâta, elle prit goût aux tablettes de guimauve ; elle en demanda à un garçon apothicaire, qui, moyennant ses faveurs, lui en fournissait abondamment.

La médisance me fit naître le désir de connaître Lucrèce. Instruit de son goût pour la friandise,