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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

avez fait une sottise d’imprimer à vos dépens cet in-quarto contre l’esprit des lois ; croyez-moi, ne sortez point du mérite de calculer le profit de cinq grosses fermes, et ne mettez point votre fils en prison pour chatouiller vos confrères ».

Il vit passer un abbé de Saint-Malo. « Monsieur le diacre, vous vous pavanez un peu trop, regardez au moins les gens. Vous êtes bien fier ! comment ! est-on si chargé de gloire, pour avoir complimenté le cardinal Richelieu, et vos trente-neuf immortels ? tâchez, monsieur l’abbé, de ne pas tant nous démontrer que deux et deux font quatre ; vous êtes comme ces villageois qui ne savent ni lire ni écrire ; ils attendent la fin du psaume pour chanter et ne cessent de crier quand ils ont une fois attrapé le Gloria Patri. » Il vit passer M. Waspe : « Eh, Fréron, c’est toi ». L’auteur de l’année littéraire avança, mon grand-père lui cracha au nez, en lui disant : « Tiens, voilà ce que j’avais à te dire ». Il vit M. Christophe ; mon grand-père l’appela ; ce bon prélat eut la complaisance de faire avancer sa voiture, et dit au bonhomme Xan-Xung : « Êtes-vous, mon cher frère, cette momie parlante ? — Oui, Monseigneur. — Avez-vous un billet de confession ? Que dit-on de mes passeports dans l’autre monde ? — Rien du tout, Monseigneur. — Cela m’étonne ; le père Datouillet, cependant, m’assurait que saint Ignace… — Que dit-on des jansénistes ? — De très bonnes choses ; comme leurs roues sont plus dures que celles de vos amis les molinistes,