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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

nous les fêtons quand elles arrivent ; elles servent à nous polir et à nous rendre dignes de tourner plutôt chez le grand Xenoti. » Cette conversation ne plaisait point au prélat ; il changea de propos : « Vous avez vécu du temps de François Ier ; qu’étaient les archevêques dans ce temps-là ? — Ils tracassaient les vivants et les mourants ; et de certains étaient aussi fana… » Il ne put achever, l’heure sonna, mon grand-père se tut.

La faculté de médecine de Paris, la communauté des chirurgiens-barbiers de Paris[1], et la bande des apothicaires de Paris s’assemblèrent à Saint-Côme pour examiner la momie de mon grand-père, les symptômes de sa diarrhée et la bonne ou mauvaise qualité de sa matière louable. On coucha le bonhomme Xan-Xung, favori de François Ier, sur la table où l’on étale les pendus, et où, le scalpel à la main, on cherche dans un cadavre puant, les moyens les meilleurs possibles de guérir les vivants. M. le doyen, qui avait plus de perruque que de tête, était orné d’une antique ruche à deux manches qui lui tombaient horizontalement sur les épaules ; les deux boudins et toute la capacité du gazon étaient frisés comme le boyau rectum : ce savantissime docteur prononça d’un ton flûté le discours suivant :

« Ce n’est plus le temps, Messieurs, où l’ignorance

  1. Les chirurgiens de Paris, pour se rapprocher davantage des médecins, ne rasent plus ; ils ont tort, le rasoir entretient la légèreté de la main. L’État ferait bien de leur ordonner de raser. Le public est dupe de cette petite vanité.