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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

Les médecins, familiarisés par vocation et par goût avec le pot de chambre et la matière louable, avaient le nez collé sur la fiente de mon grand-père ; ils calculaient, palpaient l’épaisseur de chaque globule, M. Moreau, un scalpel d’or à la main, divisait, subdivisait chaque molécule, et séparait anatomiquement avec sa dextérité ordinaire les parties solides des liquides.

« Les excréments séjournés longtemps dans les intestins de Monsieur, dit-il, ont eu tout le temps de se délayer depuis François Ier ; et selon notre science de contraria contrariis, je décide que le corps de Monsieur venant de se durifier, se pétrifier, se momifier, a donné, à mesure de sa densité, un degré égal de liquidité à la matière louable, ce qui l’a rendue telle que nous la voyons aujourd’hui, à cause que de la somme de la liquidité, il résulte une égalité parfaite. Quia liquiditas équilibrium est summa virtus et summos virtutes ». Le corps de métier des barbiers-chirurgiens de Paris, la bande des apothicaires de Paris, applaudirent à l’éloquence de M. Moreau.

La célèbre école de médecine, qui voulait pousser les observations plus loin, questionna mon grand-père. M. le doyen lui demanda comment il vivait du temps de François Ier. — « Sur le bon ton ; croyez-vous que je vivais dans un grenier comme vos fraters de Saint-Côme, les fiacres du Carrousel et les crocheteurs du port Saint-Paul ? — De votre temps, n’avez-vous pas donné dans les filles de théâtre ? ces