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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

disent saint Jean-Chrysostôme et le frère Croiset, de la compagnie de Jésus. — François Ier n’avait-il pas un médecin ? — Oui, il avait un médecin et un confesseur ; mais comme Sa Majesté avait de l’esprit et de la santé, elle ne se servait ni de l’un ni de l’autre. — La Cour n’avait donc point de foi à notre science si profonde, si babillarde, si arbitraire, si confuse et si opiniâtre ? — Non, la cour de François Ier ne croyait pas aux charlatans, aux médecins et aux moines. — Je ne suis pas surpris que vous soyez mort. — Ah, ma foi ! il était temps ; je mourus à l’âge de cent trois ans ; vous voyez que j’ai vécu assez honnêtement. »

M. le doyen continua ses questions : « À quelle heure vous couchiez-vous du temps de François Ier ? — Au jour. — À quelle heure vous leviez-vous ? — À midi. — À quoi passiez-vous votre temps ? — À caresser les filles de joie que nous menions au cabaret ; nous ne faisions pas la dépense des petites maisons, les cabarets sont faits pour quelque chose ; en temps de guerre, nous nous battions comme des braves, nous aimions le Roi, nous l’accompagnions à la chasse, et nous faisions des contes. — Ne vous échauffiez-vous pas trop à la lecture ? — Nous ne lisions jamais, la plupart des seigneurs ne savaient point lire. — Ne vous fatiguiez-vous pas à des courses ? — Si nous courions les tournois, nous disputions les bagues, on s’estropiait plus souvent qu’on s’amusait ; c’était le goût de la Cour, il nous entraînait. — Ne sentiez-vous point